Sur son aile gauche, sa chasse gardée de prédilection, qui s’y approche, s’y pique. Intenable, insaisissable dans son coin, Oussama Boughanmi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, éprouve un malin plaisir à faire souffrir défenseurs et gardiens de but adverses qu’il envoie balader avec parfois ce sourire moqueur qui est le sien ! Meilleur buteur du Mondial des cadets, puis élu meilleur ailier gauche du championnat du monde des juniors, Oussama Boughanmi a, depuis, fait du chemin, devenant l’un des atouts majeurs de la sélection sénior. Depuis, aussi, que de moments de triomphe vécus tant avec le sept national qu’avec les équipes successives dont il a porté le maillot (le CA et l’EST) outre deux ans de professionnalisme au sein du club français de St Rafael. Aujourd’hui comblé de gloire, l’ex-titi du quartier populaire d’El Kabaria a mûri, sans pour autant perdre cette ambition dévorante d’un adolescent révolté. Ecoutons-le.
Faisons marche arrière pour rouvrir la parenthèse de la dernière CAN. Avec du recul, que penses-tu de cet échec?
Croyez-moi, dès que je m’en souviens, j’ai un grincement de dents et un froncement de sourcil. Tout simplement, parce que ce fut le plus mauvais souvenir de toute ma carrière.
Quelles sont les raisons de cette déception ?
Tout a marché comme sur des roulettes jusqu’au jour de la finale. Nous savions que l’Egypte serait notre éternel rival et qu’elle serait rude à manier. Bref, nous nous y attendions, mais ce qui s’est passé sur le parquet demeure pour moi une énigme difficilement élucidable. En effet, rien, absolument rien n’a fonctionné. Nous avons raté des buts tout faits. Nous avons multiplié les passes à l’adversaire. Un gâchis énorme et, par conséquent, impardonnable. Nous étions, du coup, comme démolis, hébétés. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, ni nos gardiens ni le banc n’ont pu apporter les solutions escomptées et susceptibles de débloquer la situation.
Franchement, qui pointer du doigt?
Tout le monde
C’est-à-dire ?
Toutes les parties concernées, en l’occurrence les joueurs et le staff technique. La responsabilité de l’échec est donc collective.
Penses-tu que cette grosse déception de la CAN risque de laisser des séquelles lors du tournoi de repêchage olympique (TQO) auquel la Tunisie prendra part au moins d’avril prochain à Paris ?
Permettez-moi d’abord de demander encore une fois pardon au merveilleux public tunisien qui nous a beaucoup aidés et soutenus durant cette CAN de triste mémoire. Nous lui promettons un rachat. Quant au tournoi du TQO, je considère qu’il n’est pas permis de trop rêver, étant donné que nous aurons à affronter trois des plus puissants poids lourds du handball dans le monde. C’est donc davantage une question de réalité que de séquelles. N’empêche que nous n’irons pas à Paris en victimes expiatoires ou doux comme des agneaux. La-bas, nous jetterons toutes nos forces dans la bataille, nous défendrons crânement nos chances jusqu’au bout. D’ailleurs, pour rafraîchir des mémoires, il est bon de rappeler que, de tout temps, la Tunisie a cette audace de se surpasser devant les grosses cylindrées européennes. C’est-à-dire que, même battus, nous en sortirons avec les honneurs.
Toujours est-il que, outre la parenthèse de la CAN et l’éventuelle élimination du TQO, notre handball, assurent certains, souffre de tant de maux dans nos murs. A quand la délivrance?
Non, messieurs, notre handball n’est pas malade. Et les maux, s’il y en a vraiment, ne sont pas incurables. Et puis, il serait aberrant et injuste que l’échec de la CAN fasse oublier les innombrables satisfactions que nous avions apportées à la Tunisie, des décennies durant, sur les plans africain, arabe et international. Un palmarès flatteur jamais égalé par nos sports collectifs.
Le sélectionneur Toni Gerona a plié bagage. Penses-tu que son futur successeur qu’on dit étranger nous le fera oublier ?
Je ne veux pas m’immiscer dans les décisions et choix de la fédération. Mais j’espère que celle-ci tirera le bon numéro. De toute façon, qu’il soit européen ou tunisien, nous, joueurs, nous serons là pour l’aider.
Au mois de janvier prochain, ce sera le Mondial d’Egypte. Le sept national est-il prêt pour ce nouveau challenge ?
A mon avis, il est encore tôt d’en parler, surtout que le programme de la préparation n’est pas encore, à ma connaissance, peaufiné. Mais, comme à l’accoutumée, nous irons en Egypte en conquérants.
Venons-en maintenant à ton équipe, l’EST. Comment se présente, pour elle, la fin de la saison actuelle ?
Fidèle à ses traditions, l’Espérance jouera les premiers rôles en championnat et en Coupe de Tunisie. Et là, je crois que nous sommes suffisamment armés pour remporter le doublé qui nous a échappé in extremis, la saison dernière. Par ailleurs, il est fort probable que nous participions à la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des clubs champions à Alger où nous ferons tout pour renouer avec le sacre continental.
Entretien conduit par Mohsen ZRIBI